Le Bolchévik n°145 Printemps 1998
Les staliniens français ont trahi la lutte d'indépendance de l'Algérie
Papon, Vichy et l'Algérie
En couvrant le procès en cours de l'ancien fonctionnaire français, Maurice Papon, accusé d'avoir organisé la déportation de Juifs vers Auschwitz sous le régime pro-nazi de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale, la presse bourgeoise a soulevé ouvertement l'un des épisodes les plus sales de la sale guerre coloniale de la France contre le peuple algérien. Bien que Papon n'en soit pas maintenant accusé, en octobre 1961, alors Préfet de police, il a organisé le massacre de plus de 300 Algériens qui manifestaient dans les rues de Paris. Pendant plus de trois décennies, ce massacre a été couvert par un voile de secret officiel; ce n'est que dans les quelques dernières années que les médias bourgeois ont commencé à y faire référence. "La bourgeoisie française voudrait bien effacer le souvenir de ce crime abject", a écrit la Ligue trotskyste de France dans un article en 1983. "Mais la classe ouvrière n'oubliera pas ses martyrs" ( le Bolchevik n°42, octobre 1983).
Le 17 octobre 1961, les autorités françaises ont systématiquement organisé un pogrom anti-Algériens au coeur de Paris, massacré des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui participaient à une manifestation pacifique. Plusieurs ont été tués sur place, d'autres battus jusqu'à perdre conscience et jetés dans la Seine, ou exécutés de sang froid dans les commissariats de police ou encore lynchés sur des arbres, dans le Bois de Vincennes. Plusieurs jours après le massacre, on repêchait encore des cadavres dans le fleuve. La version "officielle" disait que seules trois personnes (dont deux Algériens) avaient été tuées, mais des. documents divulgués de la police nationale mentionnaient le nombre de 140 morts. Le Front de libération nationale (FLN), après des enquêtes poussées pour identifier les victimes, a établi nombre total à 327 morts et disparus.
Au milieu d'une série d'articles vantant la soi-disant lutte des staliniens contre la guerre colonialiste en Algérie, un article sur le massacre d'octobre 1961 est récemment paru dans l'Humanité, le journal du Parti communiste français (PCF), sous-entendant que le PCF a protesté activement contre le bain de sang. C'est un mensonge, et le PCF le sait. En fait, quand les manifestants algériens qui fuyaient l'attaque de la police ont cherché refuge au siège de l'Humanité, le portail leur a été fermé au nez.
Après le pogrom, aucune manifestation n'a été appelée par le PCF ou la CGT qu'il dirigeait. Les dirigeants staliniens n'ont pas rendu visite aux victimes algériennes blessées dans les hôpitaux ni aux familles endeuillées; ils n'ont pas mobilisé les ouvriers pour honorer les funérailles des victimes. Les seules grèves de protestation furent réduites à quelques arrêts de travail d'une demi-heure dispersés dans quelques usines. Le lendemain du massacre, les socialistes se sont précipités pour défendre Papon, en déclarant que "personne ne peut le blâmer" (cité dans Territoires contemporains: Cahiers de l'IHC n°2, 1995). De leur côté, les représentants .du PCF se sont assis à côté de Papon à la réunion du Conseil municipal de Paris, une semaine après le massacre, appelant simplement et sans conviction à "des sanctions contre les responsables" (Michel Levine, les Ratonnades d'octobre [1985]). Des années plus tard en dépit du grand nombre de militants syndicaux qui avaient disparu cette nuit-là, la CGT resservait toujours le mensonge des flics que seulement deux Algériens avaient été tués (Jean Bruhat et Marc Piolot Esquisse d'une histoire de la CGT (1895-1965) [publication de la CGT 1966])!
Le massacre a été précédé par des mois d'atrocités contre les ouvriers algériens par la police de Paris. Papon avait été transféré d'Algérie avec instruction de reproduire à Paris la torture de masse et les exécutions sommaires en usage dans la colonie Selon des chiffres officiels plus de 50 Algériens étaient tués par les flics en France chaque mois et bien davantage étaient brutalisés dans les chambres de torture de la police. Il y avait un besoin criant d'une manifestation d'action unie par les ouvriers français et algériens contre la terreur raciste. Mais les dirigeants staliniens n'ont rien fait. Encouragé, Papon a ordonné un couvre feu qui visait sélectivement les Algériens et qui dans ses termes était pratiquement identique à un décret contre les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et pourtant il n'y eut aucune protestation de la part des dirigeants de la classe ouvrière française. Assuré de la docilité des dirigeants réformistes traîtres le régime du président Charles de Gaulle organisa un bain de sang précautionneusement préparé quand le FLN appela à une manifestation contre le couvre feu raciste et pour l'indépendance de l'Algérie.
Pendant des années les staliniens ont aidé la bourgeoisie à effacer de la mémoire le massacre d'octobre 1961 en érigeant un mythe autour d'une manifestation ultérieure dirigée par le PCF dans laquelle neuf Français furent tués lors d'une charge de la police à la station de métro Charonne en février 1962. Alors qu'aucun manuel d'histoire dans les lycées français ne traite du pogrom de 1961, la manifestation de Charonne est connue partout - fièrement présentée par les dirigeants staliniens comme étant la quintessence de leur soi-disant combat contre le colonialisme français pendant la Guerre d'Algérie. Mais la manifestation de Charonne n'appelait même pas à l'indépendance de l'Algérie! Elle a été appelée pour protester contre les attaques terroristes de l'OAS (Organisation de l'armée secrète), un groupe fasciste dirigé par d'ex-officiers de l'armée qui cherchaient à couper court aux négociations de De Gaulle avec le FLN. Devant le million de personnes venues assister aux funérailles des manifestants de Charonne, les orateurs du PCF n'ont même pas mentionné le massacre des Algériens qui avait eu lieu juste quatre mois auparavant.
Déjà dans les années 1930, quand il s'est lancé dans sa politique de collaboration de classes de "front populaire", le PCF s'était opposé à l'indépendance de l'Algérie, appelant au contraire à un empire colonial français plus "démocratique" sous la forme d'une "union libre" entre "les peuples coloniaux et notre peuple" (Jakob Moneta, le PCF et la question coloniale [1971]). En mai 1945, les ministres PCF dans le premier gouvernement d'après-guerre sont restés à leur poste quand la bourgeoisie française noya dans le sang un début de révolte nationaliste algérienne à Sétif, tuant des dizaines de milliers de personnes. Pendant la Guerre d'Algérie, les dirigeants du. PCF ont occasionnellement prononcé le mot "indépendance", mais leur vraie politique était de faire pression sur les gouvernements bourgeois successifs pour qu'ils "négocient" un accord qui préserverait, les "intérêts vitaux" de la bourgeoisie française. C'était tout simplement un appel à un régime néo-colonial en Algérie sous la botte de l'impérialisme français.
De l'automne 1955, à la fin du printemps 1956 la France fut secouée par une vague de mutineries de soldats qui refusaient d'être envoyés en Algérie. Ces révoltes étaient souvent soutenues par des grèves dans lesquelles des milliers d'ouvriers français - rejoints par leurs frères de classe algériens - affrontaient la police anti-émeutes en défense des soldats qui protestaient. Au milieu de se soulèvement sans précédent, le dirigeant socialiste Guy Mollet fut élu premier ministre à la tête d'une coalition de front populaire incluant le PCF, les Radicaux et d'autres partis bourgeois. Mollet continua à envoyer des centaines de milliers de soldats en Algérie. Bien que ne faisant pas formellement partie du gouvernement, le PCF lui a fourni son soutien le plus ferme, allant jusqu'à voter les "pouvoirs spéciaux" pour le régime en Algérie.
La révolte des ouvriers et des soldats en France a éclaté en même temps que se déroulaient une série de grèves en Algérie - dont plusieurs ont paralysé le pays - centrées sur les. dockers très combatifs. Loin de chercher, à mobiliser les ouvriers en France pour la solidarité dans la lutte, le PCF fomentait le chauvinisme anti-immigrés en poussant sa ligne de fermeture des frontières. En mai 1956, au plus fort du soulèvement prolétarien, le PCF dénonça une proposition du gouvernement d'admettre un millier d'ouvriers algériens supplémentaires en France. Face à une telle trahison, la vague de mutineries, et de grèves contre la guerre se dissipa.
La France continua à connaître des grèves combatives autour de revendications économiques - et les ouvriers algériens y participèrent pratiquement tous. En 1958, l'économie en ruines et le pays traversé par les mouvements de grèves les plus puissants depuis des décennies, la bourgeoisie se tourna vers le général de Gaulle, idole de la "Résistance" pendant la Deuxième Guerre mondiale, pour résoudre la crise. La réponse du PCF fut de soutenir lamentablement les partis gouvernementaux discrédités qui menaient la Guerre d'Algérie; les staliniens firent campagne en "défense de la République" et votèrent même la reconduite des fameux pouvoirs spéciaux. Dès que le parlement l'eut élu président, de Gaulle s'en prit immédiatement à la classe ouvrière et intensifia la terreur militaire en Algérie. Peu après, il proclama la Cinquième République semi-bonapartiste.
Trois ans plus tard, en avril 1961, les tensions qui déchiraient le tissu social de la société capitaliste française explosèrent à nouveau quand les troupes françaises en Algérie se révoltèrent contre une tentative de putsch par des officiers opposés aux négociations entre de Gaulle et le FLN. Les soldats du rang occupèrent des bases militaires, arrêtèrent leurs officiers et sabotèrent véhicules et communications. Au lieu de saisir l'opportunité pour mobiliser les ouvriers dans une lutte contre la guerre impérialiste, le PCF chercha a s'unir avec de Gaulle contre les officiers réactionnaires. Lorsque Michel Debré, premier ministre de De Gaulle lança un appel ridicule à la population à se précipiter vers les aéroports afin d'empêcher une attaque (impossible) des putschistes, les staliniens se joignirent à la fraude de l'"unité nationale"; ils ont envoyé des centaines d'ouvriers pour patrouiller dans les aéroports autour de Paris et ont cyniquement appelé le gouvernement à armer immédiatement la classe ouvrière (l'Humanité, 25 avril 1961). Près de 12 millions d'ouvriers descendirent dans les rues à l'appel du PCF, mais les staliniens dirigèrent les manifestations seulement contre les officiers putschistes, si bien que même les gaullistes soutenaient les manifestations.
La Guerre d Algérie provoqua des vagues successives de luttes ouvrières explosives par les ouvriers français et algériens, qui auraient pu mettre à l'ordre du jour la perspective de la révolution socialiste. Mais le PCF détourna a plusieurs reprises cette offensive puissante de la classe ouvrière par sa collaboration de classes traître avec la bourgeoisie. Pendant toute la guerre, les dirigeants du PCF ont cherché avant tout à éviter une défaite humiliante à l'impérialisme français. Aujourd'hui, le PCF continue de jouer au serviteur loyal de la bourgeoisie impérialiste en faisant partie du gouvernement de front populaire antiouvrier et raciste.
-Traduit de Workers Vanguard n°680
Les staliniens français ont trahi la lutte d'indépendance de l'Algérie
Papon, Vichy et l'Algérie
En couvrant le procès en cours de l'ancien fonctionnaire français, Maurice Papon, accusé d'avoir organisé la déportation de Juifs vers Auschwitz sous le régime pro-nazi de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale, la presse bourgeoise a soulevé ouvertement l'un des épisodes les plus sales de la sale guerre coloniale de la France contre le peuple algérien. Bien que Papon n'en soit pas maintenant accusé, en octobre 1961, alors Préfet de police, il a organisé le massacre de plus de 300 Algériens qui manifestaient dans les rues de Paris. Pendant plus de trois décennies, ce massacre a été couvert par un voile de secret officiel; ce n'est que dans les quelques dernières années que les médias bourgeois ont commencé à y faire référence. "La bourgeoisie française voudrait bien effacer le souvenir de ce crime abject", a écrit la Ligue trotskyste de France dans un article en 1983. "Mais la classe ouvrière n'oubliera pas ses martyrs" ( le Bolchevik n°42, octobre 1983).
Le 17 octobre 1961, les autorités françaises ont systématiquement organisé un pogrom anti-Algériens au coeur de Paris, massacré des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants qui participaient à une manifestation pacifique. Plusieurs ont été tués sur place, d'autres battus jusqu'à perdre conscience et jetés dans la Seine, ou exécutés de sang froid dans les commissariats de police ou encore lynchés sur des arbres, dans le Bois de Vincennes. Plusieurs jours après le massacre, on repêchait encore des cadavres dans le fleuve. La version "officielle" disait que seules trois personnes (dont deux Algériens) avaient été tuées, mais des. documents divulgués de la police nationale mentionnaient le nombre de 140 morts. Le Front de libération nationale (FLN), après des enquêtes poussées pour identifier les victimes, a établi nombre total à 327 morts et disparus.
Au milieu d'une série d'articles vantant la soi-disant lutte des staliniens contre la guerre colonialiste en Algérie, un article sur le massacre d'octobre 1961 est récemment paru dans l'Humanité, le journal du Parti communiste français (PCF), sous-entendant que le PCF a protesté activement contre le bain de sang. C'est un mensonge, et le PCF le sait. En fait, quand les manifestants algériens qui fuyaient l'attaque de la police ont cherché refuge au siège de l'Humanité, le portail leur a été fermé au nez.
Après le pogrom, aucune manifestation n'a été appelée par le PCF ou la CGT qu'il dirigeait. Les dirigeants staliniens n'ont pas rendu visite aux victimes algériennes blessées dans les hôpitaux ni aux familles endeuillées; ils n'ont pas mobilisé les ouvriers pour honorer les funérailles des victimes. Les seules grèves de protestation furent réduites à quelques arrêts de travail d'une demi-heure dispersés dans quelques usines. Le lendemain du massacre, les socialistes se sont précipités pour défendre Papon, en déclarant que "personne ne peut le blâmer" (cité dans Territoires contemporains: Cahiers de l'IHC n°2, 1995). De leur côté, les représentants .du PCF se sont assis à côté de Papon à la réunion du Conseil municipal de Paris, une semaine après le massacre, appelant simplement et sans conviction à "des sanctions contre les responsables" (Michel Levine, les Ratonnades d'octobre [1985]). Des années plus tard en dépit du grand nombre de militants syndicaux qui avaient disparu cette nuit-là, la CGT resservait toujours le mensonge des flics que seulement deux Algériens avaient été tués (Jean Bruhat et Marc Piolot Esquisse d'une histoire de la CGT (1895-1965) [publication de la CGT 1966])!
Le massacre a été précédé par des mois d'atrocités contre les ouvriers algériens par la police de Paris. Papon avait été transféré d'Algérie avec instruction de reproduire à Paris la torture de masse et les exécutions sommaires en usage dans la colonie Selon des chiffres officiels plus de 50 Algériens étaient tués par les flics en France chaque mois et bien davantage étaient brutalisés dans les chambres de torture de la police. Il y avait un besoin criant d'une manifestation d'action unie par les ouvriers français et algériens contre la terreur raciste. Mais les dirigeants staliniens n'ont rien fait. Encouragé, Papon a ordonné un couvre feu qui visait sélectivement les Algériens et qui dans ses termes était pratiquement identique à un décret contre les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Et pourtant il n'y eut aucune protestation de la part des dirigeants de la classe ouvrière française. Assuré de la docilité des dirigeants réformistes traîtres le régime du président Charles de Gaulle organisa un bain de sang précautionneusement préparé quand le FLN appela à une manifestation contre le couvre feu raciste et pour l'indépendance de l'Algérie.
Pendant des années les staliniens ont aidé la bourgeoisie à effacer de la mémoire le massacre d'octobre 1961 en érigeant un mythe autour d'une manifestation ultérieure dirigée par le PCF dans laquelle neuf Français furent tués lors d'une charge de la police à la station de métro Charonne en février 1962. Alors qu'aucun manuel d'histoire dans les lycées français ne traite du pogrom de 1961, la manifestation de Charonne est connue partout - fièrement présentée par les dirigeants staliniens comme étant la quintessence de leur soi-disant combat contre le colonialisme français pendant la Guerre d'Algérie. Mais la manifestation de Charonne n'appelait même pas à l'indépendance de l'Algérie! Elle a été appelée pour protester contre les attaques terroristes de l'OAS (Organisation de l'armée secrète), un groupe fasciste dirigé par d'ex-officiers de l'armée qui cherchaient à couper court aux négociations de De Gaulle avec le FLN. Devant le million de personnes venues assister aux funérailles des manifestants de Charonne, les orateurs du PCF n'ont même pas mentionné le massacre des Algériens qui avait eu lieu juste quatre mois auparavant.
Déjà dans les années 1930, quand il s'est lancé dans sa politique de collaboration de classes de "front populaire", le PCF s'était opposé à l'indépendance de l'Algérie, appelant au contraire à un empire colonial français plus "démocratique" sous la forme d'une "union libre" entre "les peuples coloniaux et notre peuple" (Jakob Moneta, le PCF et la question coloniale [1971]). En mai 1945, les ministres PCF dans le premier gouvernement d'après-guerre sont restés à leur poste quand la bourgeoisie française noya dans le sang un début de révolte nationaliste algérienne à Sétif, tuant des dizaines de milliers de personnes. Pendant la Guerre d'Algérie, les dirigeants du. PCF ont occasionnellement prononcé le mot "indépendance", mais leur vraie politique était de faire pression sur les gouvernements bourgeois successifs pour qu'ils "négocient" un accord qui préserverait, les "intérêts vitaux" de la bourgeoisie française. C'était tout simplement un appel à un régime néo-colonial en Algérie sous la botte de l'impérialisme français.
De l'automne 1955, à la fin du printemps 1956 la France fut secouée par une vague de mutineries de soldats qui refusaient d'être envoyés en Algérie. Ces révoltes étaient souvent soutenues par des grèves dans lesquelles des milliers d'ouvriers français - rejoints par leurs frères de classe algériens - affrontaient la police anti-émeutes en défense des soldats qui protestaient. Au milieu de se soulèvement sans précédent, le dirigeant socialiste Guy Mollet fut élu premier ministre à la tête d'une coalition de front populaire incluant le PCF, les Radicaux et d'autres partis bourgeois. Mollet continua à envoyer des centaines de milliers de soldats en Algérie. Bien que ne faisant pas formellement partie du gouvernement, le PCF lui a fourni son soutien le plus ferme, allant jusqu'à voter les "pouvoirs spéciaux" pour le régime en Algérie.
La révolte des ouvriers et des soldats en France a éclaté en même temps que se déroulaient une série de grèves en Algérie - dont plusieurs ont paralysé le pays - centrées sur les. dockers très combatifs. Loin de chercher, à mobiliser les ouvriers en France pour la solidarité dans la lutte, le PCF fomentait le chauvinisme anti-immigrés en poussant sa ligne de fermeture des frontières. En mai 1956, au plus fort du soulèvement prolétarien, le PCF dénonça une proposition du gouvernement d'admettre un millier d'ouvriers algériens supplémentaires en France. Face à une telle trahison, la vague de mutineries, et de grèves contre la guerre se dissipa.
La France continua à connaître des grèves combatives autour de revendications économiques - et les ouvriers algériens y participèrent pratiquement tous. En 1958, l'économie en ruines et le pays traversé par les mouvements de grèves les plus puissants depuis des décennies, la bourgeoisie se tourna vers le général de Gaulle, idole de la "Résistance" pendant la Deuxième Guerre mondiale, pour résoudre la crise. La réponse du PCF fut de soutenir lamentablement les partis gouvernementaux discrédités qui menaient la Guerre d'Algérie; les staliniens firent campagne en "défense de la République" et votèrent même la reconduite des fameux pouvoirs spéciaux. Dès que le parlement l'eut élu président, de Gaulle s'en prit immédiatement à la classe ouvrière et intensifia la terreur militaire en Algérie. Peu après, il proclama la Cinquième République semi-bonapartiste.
Trois ans plus tard, en avril 1961, les tensions qui déchiraient le tissu social de la société capitaliste française explosèrent à nouveau quand les troupes françaises en Algérie se révoltèrent contre une tentative de putsch par des officiers opposés aux négociations entre de Gaulle et le FLN. Les soldats du rang occupèrent des bases militaires, arrêtèrent leurs officiers et sabotèrent véhicules et communications. Au lieu de saisir l'opportunité pour mobiliser les ouvriers dans une lutte contre la guerre impérialiste, le PCF chercha a s'unir avec de Gaulle contre les officiers réactionnaires. Lorsque Michel Debré, premier ministre de De Gaulle lança un appel ridicule à la population à se précipiter vers les aéroports afin d'empêcher une attaque (impossible) des putschistes, les staliniens se joignirent à la fraude de l'"unité nationale"; ils ont envoyé des centaines d'ouvriers pour patrouiller dans les aéroports autour de Paris et ont cyniquement appelé le gouvernement à armer immédiatement la classe ouvrière (l'Humanité, 25 avril 1961). Près de 12 millions d'ouvriers descendirent dans les rues à l'appel du PCF, mais les staliniens dirigèrent les manifestations seulement contre les officiers putschistes, si bien que même les gaullistes soutenaient les manifestations.
La Guerre d Algérie provoqua des vagues successives de luttes ouvrières explosives par les ouvriers français et algériens, qui auraient pu mettre à l'ordre du jour la perspective de la révolution socialiste. Mais le PCF détourna a plusieurs reprises cette offensive puissante de la classe ouvrière par sa collaboration de classes traître avec la bourgeoisie. Pendant toute la guerre, les dirigeants du PCF ont cherché avant tout à éviter une défaite humiliante à l'impérialisme français. Aujourd'hui, le PCF continue de jouer au serviteur loyal de la bourgeoisie impérialiste en faisant partie du gouvernement de front populaire antiouvrier et raciste.
-Traduit de Workers Vanguard n°680